Abonnez-vous au Flux RSS de l' "Autre Monde des Educateurs Spécialisés" en cliquant sur le bouton correspondant de votre navigateur.. Si si! Cherchez bien, il ressemble à ça, et il est juste à côté:

5 avr. 2007

Rentrez couverts

Les cas pratiques sont toujours plus parlants que les longs discours, non? alors allons-y, imaginons que...

Gérard, 40 ans, est en CHRS, il n'est pas apprécié des autres hébergés parce qu'il les provoque facilement. Tu lui ouvres la porte, il est 22 heures, et tu t'aperçois vite qu'il est complètement ivre, ce soir encore. Tu es sur le point de finir ta journée, et la soirée n'a pas été des plus calmes: le groupe est très animé, l'ambiance orageuse, et tu as dû intervenir à plusieurs reprises pour calmer les tensions.

QUE FAIS-TU?

A. Tu fais rentrer Gérard et tu te prépares à quitter ton poste, le plus rapidement possible, déjà 10 minutes que tu devrais être parti, tu es harassé, la journée a été suffisamment longue et éprouvante.

B. Tu lui refuses l'accès au service et tu en profites pour fermer les volets au cas où il tenterait d'entrer pas d'autres moyens, éventuellement dévastateurs. Puis, tu attends qu'il soit hors de vue pour quitter ton poste.

C. Tu lui refuses l'accès et tu appelles les services de Police.

D. Tu endosses ton blouson et tu lui proposes... un dernier verre.

TU AS REPONDU:

A. La conduite d'évitement, c'est ton truc, tu l'as déjà testée, alors pourquoi y faire une entorse? La fuite, c'est le top?! NON! CHANGE QUE DIABLE! DEPASSE-TOI!
.
B. Dans ta logique guerrière ou grégaire, tu protèges la forteresse et tu restes en groupe. OUI, C'EST MIEUX, MAIS GERARD, TU Y AS PENSE A GERARD?
.
C. PRUDENCE EST MERE DE SURETE. OUI. Tu couvres Gérard de l'effet de groupe, et tu te couvres. Eh oui, si tu refuses l'entrée et qu'il arrive un accident à Gérard alors qu'il est encore sous l'effet de l'alcool, tu risques le délaissement en situation d'une personne vulnérable. En appelant la Police, tu la laisses prendre la responsabilité de placer la personne en cellule de dégrisement, et tu es couvert.
.
D. ...
.
Bon, l'info importante ici, c'est bien sûr le délaissement blabla, et je sais, je ne suis pas allée droit au but, mais on ne peut pas toujours être ultra synthétique.
A bientôt pour de nouvelles aventures!

4 commentaires:

Ababakar a dit…

Magnifique!
Beaucoup de créativité..
Moi j'aurais refusé l'accès et puis j'aurais passé 3 bonnes heures à essayer de lui faire comprendre pourquoi!! dans le vide évidemment!

Maïa a dit…

Petit bémol quand même à l'intervention de la Police: un recours trop systématique pourrait venir jeter le discrédit sur notre autorité, à mon avis.
Je crois que cette solution ne se justifie que lorsqu'on estime qu'il existe un danger pour l'usager et pas uniquement pour se couvrir.
Je pense par exemple aux plaintes déposées par les éducs pour des situations de violence mal gérées. Bien entendu, la loi rappelle à l'ordre, mais il ne faut pas oublier conjointement de rediscuter en équipe du pourquoi ces situations sont arrivées. Le seul fait de porter plainte ne doit pas éliminer le travail de questionnement. Le risque serait d'interpréter ce recours à la justice comme une démission des éducateurs dans la gestion des conflits.

Anonyme a dit…

pourquoi qualifier de fuite l'admission? vous ne faites pas de transmissions à l'équipe relais? cette dernière ne peut pas accompagner "gérard" si toi tu t'en vas? c'est quoi ce questionnement limite? vous bossez seuls dans ce type de structure? appeler les flics pour qu'ils fassent le boulot à ta place (et quel boulot!) là c'est la fuite totale, à mon sens...

Maïa a dit…

A toi, anonyme
Ce n'est pas l'admission qui est une fuite, c'est le fait de se hâter de quitter le service pour éviter les confrontations qui l'est.
Dans ce type de structure, les éducateurs font le relais du soir avec un surveillant de nuit missionné pour la sécurité du service et qui n'est pas formé pour l'éducatif. L'effectif de nuit est réduit à son strict minimum, et le surveillant ne peut pas prendre le risque de devoir gérér des conflits de groupe importants. Il arrive donc (rarement)de refuser l'entrée à un hébergé qui mettrait en difficulté le fragile équilibre du groupe, ou qui pourrait porter atteinte à l'intégrité physique des autres hébergés. N'oublions pas que le rôle premier du foyer est de protéger les individus, de les mettre à l'abri de la rue.
Je précise aussi dans le comm' précédent que cette possibilité d'appeler la Police n'est à utiliser qu'en cas de danger réel pour l'usager, pas du tout pour se faciliter le travail selon moi, car je ne pense pas qu'il soit satisfaisant pour un éducateur d'agir de cette façon, et que c'est un ultime recours, surtout en cette période!
Pour finir, il y a évidemment autant de possibilités d'action que de situations rencontrées et ce simple article n'a aucunement la prétention d'exposer une vérité, ni même de donner des réponses, juste d'informer que le "délaissement..." peut nous être reproché (cf Toufik, sur les quais de la Seine).