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26 juil. 2009

Départ N°16 : Yolande


Salut'

Elle est partie depuis un mois déjà, Yolande, et je n'ai pas encore pris le temps de parler d'elle.

Yolande vivait déjà depuis 5-6 ans sur une "unité de vie collective"de ma structure , avec d'autres "10-18" ans, lorsqu'elle a été accueillie sur notre "unité de vie semi-collective".

Au terme de ces 5-6 années, et à l'approche de sa majorité, il semble que ses éducateurs aient pensé qu'il était temps que Yolande tente une nouvelle aventure, en quittant la place sécurisante et cocoonée qu'elle s'était créée à force de patience, de ruse et de caractère.

Yolande est restée un an sur mon groupe. Ce qui a eu le mérite de la bousculer dans un fonctionnement bien établi. Il y a certainement des tas de chose à dire sur elle, sur son évolution et les différentes phases que nous l'avons vue traverser. Pourquoi n'ai-je alors pas envie d'en disserter?

J'ai beau réfléchir, je ne trouve pas de réponse. Peut-être parce que je ne me pose pas de question.


Hum, en vrac : 2 tentatives de collocation compliquées, la découverte des matchs de volley-ball du samedi soir, des relations familiales en dents de scie , un parcours scolaire construit et investi, un positionnement plus adulte et "posé" dans sa relation aux éducateurs, à ses collègues de stage, aux enfants encadrés lors de ses stages BAFA.

Yolande est partie dans de "bonnes conditions", c'est à dire de son propre choix réfléchi avec nous et sa référente sociale, avec des envies et des projets en tête. Tout ce qu'on peut souhaiter!

Et j'attends de ses nouvelles.

A bientôt


11 juil. 2009

Départ N°15 : Patricia

Salut'

Un petit Post pour évoquer le passage dans mon service d'une jeune majeure de 18 ans à peine, Patricia, arrivée il y tout juste 5 mois et demi et partie il y a une quinzaine de jours.

Un petit bout de jeune femme (trop) discrète, polie, respectueuse, bref le rêve de tout éducateur qui n'aime pas "recadrer" à longueur de journée, voire crier, voire très fort, et finir sa journée dans un état de stress qui défie l'imagination de nos décideurs politiques et autres financeurs (oups, ça m'a échappé).

S'étant fait doucement virer de chez l'assistante maternelle qui l'accueillait auparavant, Patricia a été accueillie sur mon groupe avec l'idée qu'une prise en charge basée sur la semi-autonomie la forc
erait à s'impliquer plus dans la gestion de sa propre vie (au moins en devant organiser et gérer son quotidien).

Son quotidien ne lui a posé aucun problème (ménage, courses, repas etc..)

Un hic, Patricia a été accueillie dans un projet de recherche d'emploi et de départ rapide, hors elle ne fait aucune démarche de sa propre initiative. Pourquoi? Et pourquoi se ferme-t-elle complètement et systématiquement dès que l'on aborde sérieusement ce sujet avec elle?

Fort de son constat, nous nous appuyons sur la relation qu'elle a tissé avec une autre jeune majeure, elle aussi en recherche d'emploi, pour l'accompagner dans ses démarches. Il apparait qu'elle est en effet très en difficulté pour les effectuer, qu'il s'agisse d'être au téléphone ou en entretien, de définir quels employeurs cibler ou comment les démarcher. Pire, je pense qu'elle ne supporte
réellement pas être confrontée à ces difficultés ; d'après les regards qui obscurcissent son visage, peut-être même nous en veut-elle alors de la pousser à s'y confronter, quand bien même nous sommes à ses côtés pour l'aider à y faire face. (fichtre qu'elle est longue cette phrase)

Les mois passent, les échéances de contrat APJM d'un mois se succèdent, toujours plus dangereuses. Patricia est "border line" de nous quitter, faute d'implication réelle dans "son" (?) projet.
Elle échappe une première fois à l'exclusion en trouvant in extremis un stage de deux semaine dans son secteur professionnel.

A la fin du mois, son référent social vient la rencontrer : il vient d'apprendre (et nous en informe) que Patricia n'est pas allé au terme de son stage. Son copain s'est fait passé pour un professionnel de la Mission Locale qui la suit et s'en est excusé auprès du responsable de stage.
Patricia a dit à chaque éducateur depuis quelques jours qu'elle ne souhaite pas quitter notre "unité de vie", mais "attend qu'on la vire."


Objectif de la rencontre du jour : la forcer à prendre sa vie en main, en faisant ses propres choix et en arrêtant de subir. La rencontre tripartite (Patricia, son référent social et moi) est menée vraiment avec précision et professionnalisme, comme rarement. C'est un succès.

Patricia demande à partir. Elle va vivre chez son copain. Qui vit chez sa mère. Avec son frère et ses 3 sœurs et le compagnon de Mme et un nombre incalculable d'animaux.


Patricia ne semble pas réjouie d'avoir fait son choix. L'est-il d'ailleurs réellement? Ne répond-elle pas au désir de cette famille? ("Mme C. veut m'accueillir" dit-elle dans l'entretien..)


Elle est un peu troublée quand son référent lui fait comprendre que l'héritage sur lequel elle compte a perdu un "0". (il passe de 100 000 euros espérés à 10 000, au mieux)

Elle est choquée (et c'est rare!) que l'on aborde avec elle le thème de la maternité et la responsabilité que cela implique. Son référent ne veut pas "devoir la rencontrer dans 5 ans pour placer son enfant". (ah oui c'est un peu raide dit comme ça, mais c'est le but!)

2 semaines après son départ, la rumeur la dit enceinte de deux semaines. Patricia, c'est en croisant très fort les doigts que je ne te dis pas "au revoir".

Bon courage

Ababakar