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23 avr. 2007

Vocabulaire bis

Dans le même genre de disposition d'esprit que l'empathie, la congruence est également un in-con-tour-nable. Je n'ai pas vraiment de définition fiable sous la main... (ça, ça veut dire "aucune garantie" de ce qui va suivre)

Selon moi, la congruence désigne une certaine adéquation entre les émotions ressenties et leur expression sincère à la personne avec laquelle on communique.


J'oublie de dire qu'on parle de congruence dans une relation d'aide surtout, sinon, en dehors, on parle juste de compréhension, d'authenticité, d'échange, d'alchimie, voire de communion parfaite si c'est intense, mais c'est plus rare.

Bref, il s'agit de se montrer sans façade, "émotionnellement ouvert", afin de permettre à l'autre de s'autoriser à vivre ses émotions, et par là même, lui donner la possibilité de mieux les comprendre, et peut-être aussi de mieux se comprendre.
Ce serait donc comme une marque d'authenticité que l'on montrerait, et de façon délibérée. Evidemment, tout cela, sans en profiter pour régler nos névroses enfouies et soudainement rejaillissantes. Et c'est là que ça se complique... (ça veut dire qu'il ne faut pas en profiter pour raconter que nous comprenons bien la situation, parce que, nous aussi, notre parrain André avait un cheval, qu'il s'appelait Pégase, et que c'est un super souvenir pour nous et qu'un jour, il s'est noyé dans un étang vaseux alors qu'il savait nager et voler et que là, c'était très triste et que... aucun intérêt) (mais en fait, ça ressemble plus souvent à : "ah oui, c'est comme quand moi, je..." ou " tu sais, ça me rappelle...", mais ça revient à la même chose que Parrain André et son cheval).
Pour rester dans la relation d'aide, il s'agirait donc d'exprimer à l'autre que nous le comprenons en lui expliquant pourquoi nous le comprenons, en lui livrant des émotions du moment qu'il suscite lui-même en nous, et tout en gardant la distance professionnelle indispensable et en évitant de tout ramener à nous, même si nous acceptons de nous ouvrir à l'autre pour créer une proximité relative pouvant le mettre à l'aise et l'aider à s'autoriser des ressentis. (euh, oui, ça, c'est peut-être pas très clair)
Encore une fois, tout est dans le "suffisamment" mais pas trop, merci Donald (Winnicott, pas le canard) (oui, c'est nul).
A bientôt.

18 avr. 2007

Vite, une pré-ad ! Un autre profil.



P., 18 ans, se présente avec deux A.S. et ses parents. Ceux-ci sont dépassés (les parents, pas les AS quand même) , ils n'en peuvent plus: la fille provoque et teste les limites de ses parents, que ceux-ci n'arrivent pas à poser. Ils cherchent à comprendre, ils se questionnent sur la solution la plus adaptée, car le quotidien est trop lourd. Ils aiment beaucoup leur fille, mais la situation est devenue ingérable: "mauvaises fréquentations", absentéisme scolaire, sorties tardives très tardives, manque de communication, incompréhension de part et d'autre. Retour de baton d'un certain laisser-faire? ère post-Dolto mal interprétée? (Dolto, pas l'ère) . Je ne sais pas. Cette grande-ado-pas-encore-adulte (j'aime bien faire des longs mots composés comme ça, j'en ferai encore) traverse ce passage d'un âge de la vie à un autre, cherchant désespérément le cadre sans le trouver, et revendiquant parallèlement cette liberté pas encore consommée. Mais quoi de plus normal! Qui peut se targuer d'avoir passé cette étape sereinement ? pas moi en tout cas! Passage difficile, certes, mais cela justifie-t-il le placement? Attention, phase de questions, je vais essayer d'être brève.
- Que peut-on répondre? Quelle orientation leur proposer?
- Pas d'antécédent de suivi social, pas de maltraitance, pas de mise en danger, et elle est majeure. Alors... démission des parents? Encore une fois, je ne sais pas. Le besoin de médiation est criant, mais cela justifie-t-il une prise en charge éducative au quotidien, au sein du foyer de jeunes majeurs?
- Si on accepte ces "nouveaux profils", où les "cas complexes" vont-ils être accueillis?
- De plus en plus de parents sont en demande d'aide pour leurs "jeunes-adultes-d'enfants" (je vous l'avais dit). N' existe-t-il pas de service pouvant leur répondre?
- Il y a peut-être une autre problématique sous-jacente, si on refuse l'admission, la famille va peut-être s'y enliser, alors que la prise de contacts avec les services sociaux (phase difficile) est déjà faite.
- Comment se fait-il que des demandes de ce type nous arrivent plus fréquemment maintenant, alors que nous sommes censés accueillir des jeunes filles en grandes difficultés sociales et familiales, dans le cadre de l'agrément de la M.E.C.S.?

17 avr. 2007

Prise d'envol... La vie va.

Elle était quand même assez... difficile, mais elle correspondait tout à fait au "profil" . Que viendraient faire ici des filles sans soucis? Oui, mais elle, elle nous donnait beaucoup beaucoup beaucoup de travail, alors maintenant qu'elle a pris son envol, c'est vide! Vide de cris, vide de crises, vide de portes qui claquent, vide de voisins qui râlent pour la musique trop forte... voire vide de gestion de conflits!
Elle prenait tellement de place que le service est soudainement désert. Cette petite V., on s'en souviendra, c'est certain... comme de toutes les autres, en fait.

11 avr. 2007

Photo

Salut!

Je suis absent de mon lieu de travail cette semaine, et comme je ne fonctionne qu'avec ma mémoire vive, à chaque veille de retour sur mon "terrain employeur" j'angoisse de tout devoir redécouvrir, de ne plus savoir ce que j'ai à faire.

Voici donc un post à usage unique et personnel, une photo de situation, que je relirai le jour J afin de me rappeler où j'en étais en partant

Les jeunes: (non non, je vous vois venir, je ne crains pas de les oublier en une semaine!!)

Allez, du plus petit au plus jeune. (non plus, non, cette phrase ne me choque pas..)

Parlons de la jeune A: c'est bien simple je ne la connais pas. J'étais présent lors de sa commission d'admission. Elle a été accueillie le jour de mon départ. Crainte de la solitude. Méfiance vis à vis de l'adulte. Sentiment de persécussion.

jeune B: (anonymat, les maires ne nous auront pas!) : 17ans, en fugue chronique depuis des semaines. Séjour de rupture prévu et travaillé par l'équipe, avec son accord, en son absence..

jeune C: sentiment d'injustice / son histoire, transformé en engagement politique exacerbé. très en colère par rapport à ses parents. Quelle évolution du lien parental?

jeune D: relation sentimentale et plus si affinité avec une autre résidente. scolarité en dents de scie. Des habitudes discutables en terme d'hygiène.

jeune E: Très lisse. Utilise beaucoup le "je". Ecrasant (pour ne pas être écrasé!?)

jeune F: à quelques jours de sa majorité. très angoissé. A.P.J.M. accordé sur le fil du rasoir. En veut-il vraiment? Son projet est-il vraiment dit?

jeune G: formation de remise à niveau en cours. en attente d'un résultat "test de capacité au tavail"..

jeune H: récemment sauvée à un conseil de discipline, à deux mois de l'examen. Pas très présente sur l'institution (week end, vacances). sait ce qu'il lui reste à faire.

jeune I: "sorti de nulle part". arrivé en mon absence. commission d'admission??

Voilà un petit topo absolument pas professionnel, (mais vu la différence entre l'action que je constate sur le terrain et ce qui m'est enseigné au centre de formation, je ne sais plus très bien ce qu'est être "professionnel" ) et qui en plus ne m'aide pas à chasser cette angoisse personnifiée en l'image d'un jeune rencontré sur un autre groupe, il y a quelques mois, revenu aujourd'hui hanter mon réveil..

Bon à plus.

9 avr. 2007

Stooop !

Tu aimerais, toi,
signer un contrat de séjour (pour la loi 2002), le lendemain rédiger ton contrat APJM (pour l'ASE), le surlendemain être questionné sur ton projet de vie (par le référent social), et le jour suivant t'exprimer sur les moyens que tu vas te donner pour atteindre tes objectifs (pour aider les éducs à faire leur boulot) ?

Mais qui est au service de qui?

PETIT EXERCICE D'APPLICATION
Prends 5 minutes, écris ton projet et décline-le en 2-3 objectifs...
Ah ah, on rigole moins...

Ca doit être difficile pour les personnes que nous accompagnons d'être constamment sous les projecteurs: chaque défaut est repéré, chaque faux pas est traqué, chaque écart est "repris". Rien ne passe à l'as!
Peut-être pouvons-nous penser, de temps à autre, que nous sommes sur LEUR lieu de vie, sur LEUR territoire-semi-perso-faute-de-mieux, parce qu'à leur place, ce dont on rêverait... c'est qu'on nous FOUTE LA PAIX!
.
10.04.07. Le lendemain.
Bon. Hier, vous avez eu mon humeur du jour, mais d'hier. Là, j'ai envie de dire que la notion de projet est bien évidemment formidable et incontournable dans notre boulot, parce que le projet permet une rigueur indispensable dans le travail, c'est un garde-fou dans la relation éducative et affective, on ne pourrait pas s'en passer, c'est constructif, ça donne une trame, etc.

5 avr. 2007

Rentrez couverts

Les cas pratiques sont toujours plus parlants que les longs discours, non? alors allons-y, imaginons que...

Gérard, 40 ans, est en CHRS, il n'est pas apprécié des autres hébergés parce qu'il les provoque facilement. Tu lui ouvres la porte, il est 22 heures, et tu t'aperçois vite qu'il est complètement ivre, ce soir encore. Tu es sur le point de finir ta journée, et la soirée n'a pas été des plus calmes: le groupe est très animé, l'ambiance orageuse, et tu as dû intervenir à plusieurs reprises pour calmer les tensions.

QUE FAIS-TU?

A. Tu fais rentrer Gérard et tu te prépares à quitter ton poste, le plus rapidement possible, déjà 10 minutes que tu devrais être parti, tu es harassé, la journée a été suffisamment longue et éprouvante.

B. Tu lui refuses l'accès au service et tu en profites pour fermer les volets au cas où il tenterait d'entrer pas d'autres moyens, éventuellement dévastateurs. Puis, tu attends qu'il soit hors de vue pour quitter ton poste.

C. Tu lui refuses l'accès et tu appelles les services de Police.

D. Tu endosses ton blouson et tu lui proposes... un dernier verre.

TU AS REPONDU:

A. La conduite d'évitement, c'est ton truc, tu l'as déjà testée, alors pourquoi y faire une entorse? La fuite, c'est le top?! NON! CHANGE QUE DIABLE! DEPASSE-TOI!
.
B. Dans ta logique guerrière ou grégaire, tu protèges la forteresse et tu restes en groupe. OUI, C'EST MIEUX, MAIS GERARD, TU Y AS PENSE A GERARD?
.
C. PRUDENCE EST MERE DE SURETE. OUI. Tu couvres Gérard de l'effet de groupe, et tu te couvres. Eh oui, si tu refuses l'entrée et qu'il arrive un accident à Gérard alors qu'il est encore sous l'effet de l'alcool, tu risques le délaissement en situation d'une personne vulnérable. En appelant la Police, tu la laisses prendre la responsabilité de placer la personne en cellule de dégrisement, et tu es couvert.
.
D. ...
.
Bon, l'info importante ici, c'est bien sûr le délaissement blabla, et je sais, je ne suis pas allée droit au but, mais on ne peut pas toujours être ultra synthétique.
A bientôt pour de nouvelles aventures!

4 avr. 2007

Mineurs Isolés Etrangers


Cet après-midi, inauguration du SAMIE , Service d'Accueil pour Mineurs Isolés Etrangers, près de Lille. Maire de la ville, président du Conseil Général et d'autres personnalités du secteur de l'enfance étaient présents.
Ce service, qui accueille 15 jeunes, fonctionne depuis septembre 2006. Il dépend de l'EPDSAE, et il est le rare spécialiste de l'accueil des mineurs étrangers. Il a été créé suite à une période où les maisons d'enfants de la métropole "croûlaient" sous le nombre de jeunes étrangers sans famille.
Dans le projet éducatif: accès aux soins, scolarisation ou formation, orientation, suivi des démarches administratives...

Si vous vous intéressez au sujet, il existe depuis décembre dernier un site spécialisé:
www.infoMIE.net , sur lequel on peut trouver infos législatives, forum, bibliographie, agenda-conférences... principalement sur les mineurs isolés étrangers. En cas de situations particulières que vous devriez gérer, vous pouvez contacter RESF (Réseau Education sans Frontières).