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27 févr. 2006

Une longue soirée en MECS / 2ème partie / Le plus dur n'est pas la chute, c'est l'aterrissage


Et voilà enfin la deuxième partie tant réclamée!! Il est à noter qu'Amelie s'appelle désormais Murielle..Et oui, c'est aussi ça, l'Autre Monde des Educs..


Il est aux alentours de 23h30.
Basile et Damien devraient être couchés depuis au moins une heure (et moi et ma collègue Murielle rentrés !). Cependant Basile est en crise depuis une heure et refuse d’aller se coucher. Après une escapade sur le groupe situé au dessus du nôtre, il est enfin de retour sur le sien, mais son mal-être est toujours très fort. De plus lui et Damien sont sourds, depuis le début de leur crise, à toutes les tentatives de ma collègue pour qu’ils cessent leur numéro et aillent se coucher.
Basile tourne en rond. Il ne cesse de sortir et de rentrer. Il s’assoit dans la cuisine, seul ; dit ne pas vouloir parler. Je m’assois à côté de lui. Je lui dis que c’est moi qui vais parler.
Je lui dis qu’il n’a pas besoin de parler. Je lui dis que sa souffrance et sa peine se lisent sur son visage. Ses yeux s’embuent(?!?).
Damien revient et s’installe à côté de Basile, qui reprend son attitude narquoise. Damien me dit qu’il ne quitte pas Basile. car il ne « lache pas un ami ». J’essaie de lui faire comprendre que sa présence m’empêche d’aider Basile. Je parviens à faire dire à ce dernier. « qu’il se moque de la présence ou non de Damien », espérant les désolidariser. Damien se moque de cette remarque. Nous restons un long moment tous les quatre (avec ma collègue Murielle) dans la cuisine sans pouvoir faire avancer la situation. Je décide de rentrer dans leur jeu, à savoir leur refus de se séparer pour aller se coucher, et dis à Basile que s’il a vraiment besoin de Damien pour se sentir épaulé ce soir, je peux leur proposer de veiller ensemble dans une chambre, en s’occupant des maquettes d’avion qu’ils se sont sorties plus tôt dans la journée. Damien n’est plus aussi obtus. Il hésite et interroge Basile du regard. Celui-ci nous pose des conditions extravagantes, telles qu’une heure de coucher très tardive, la volonté de récupérer son portable (que nous gardons toujours la nuit). Murielle lui dit que nous ne négocierons pas, notre proposition étant déjà un gros effort de notre part. Il se lève et sort du groupe.
Il rentre aussitôt et fonce dans sa chambre. Murielle m’informe 2 minutes plus tard qu’il prépare son sac et veut quitter le foyer. Je vais le voir dans sa chambre. Je m’assois calmement. Il me dit qu’il ne veut pas parler, qu’il n’a besoin de personne, qu’on ne peut rien pour lui au foyer et que c’est pour ça qu’il s’en va. Je lui demande si je peux lui parler très sincèrement. Il finit par me donner son accord.
Je lui dis alors que je sais que la nouvelle du décès de son Gd-père lui est insupportable (il l’a appris le midi et a n’a pas paru affecté de la journée), surtout car elle remue en lui la mort de son père, qu’il n’arrive pas à surmonter. Je lui dis que le sort s’acharne sur lui et lui demande sans cesse d’être plus fort, que je n’aurais pas la force de supporter la moitié de ce qu’il supporte. Je finis par lui dire que s’enfuir du foyer, c’est chercher à fuir une souffrance qui se trouve en lui, dans sa tête et son cœur. Je lui rappelle qu’il a déjà essayé cette méthode et qu’il sait comme moi que ça ne sert à rien. Il prend son sac et sort du groupe.
Je ne le suis pas tout de suite. Cinq minutes plus tard je sors à mon tour. Il est toujours au seuil du groupe, assis avec ses deux blousons sur le dos, sa capuche sur la tête et son sac à côté de lui. Je lui dis que s’il ne peut pas fuir physiquement sa souffrance, sa seule solution est de l’évacuer, et son seul moyen de l’évacuer est de pleurer. Je rentre sur le groupe et m’assois avec Murielle et le surveillant de nuit dans la cuisine. Nous sommes tous usés et ne voyons pas quoi faire de plus.
4-5 minutes plus tard il rentre et va directement dans sa chambre. Il n’en bougera plus.



Et une petite citation de Paroles d'éducs, au hasard (ou pas..)

Il t'a dit: il faut qu'on se parle. Mais tu n'avais pas le temps avant deux jours. On l'a retrouvé dans son lit baignant dans son sang. Alors, quelle était l'urgence?

2 commentaires:

Anonyme a dit…

cette citation me fait froid dans le dos et me rappelle bcp de choses car c'est en lisant un article de ce genre un jour dans un magasine que j'ai eu envie de devenir educatrice
et il est vrai aussi qu'on n'arrive pas toujours à cerner "le plus important" dans la vie et surtout on ne mesure pas toujours les conséquences de nos actes

Ababakar a dit…

je vois que Deligny trouve encore un échos..c'est bien.