Abonnez-vous au Flux RSS de l' "Autre Monde des Educateurs Spécialisés" en cliquant sur le bouton correspondant de votre navigateur.. Si si! Cherchez bien, il ressemble à ça, et il est juste à côté:

30 mars 2008

Départ N°4: Axelle

Salut!

Aujourd'hui je vais vous narrer l'arrêt de prise en charge d'Axelle.. Et ça ne me fait pas particulièrement plaisir. Et puis aussi je vais arrêter d'écrire en rouge; c'est fatigant pour vos yeux et dans le Nord on trouve ça agressif.

Par où commencer? Axelle n'est pas sortie de nulle part. Elle a été accueillie à la Maison d'Enfants à l'âge de 16-17 ans car ses parents étaient en grosse difficulté pour s'occuper d'elle. Et pour cause. Sa mère est décédée deux ans auparavant; elle s'est suicidée. Et pas proprement. Oulala je me demande si je ne devrais pas arrêter maintenant, je transpire le cynisme... je n'ai pas envie de raconter cette histoire.. Son père cumule les séjours de repos en clinique psy. Axelle est ballotée entre les deux familles, qui d'après elle ne peuvent pas s'entendre. Et puis au milieu de tout ça il y a un héritage, assez conséquent.

Axelle est accueillie d'abord sur une unité de vie collective. Un peu jeune pour la vie en semi-autonomie. Après un séjour de quelques mois, l'équipe qui la suit la pousse à intégrer mon service. Officieusement on nous présente Axelle comme une manipulatrice, notamment des garçons plus jeunes. Sa venue chez nous doit protéger ces derniers..

Axelle fait désormais partie des effectifs de notre service depuis un an et demi. Elle n'a jamais été vraiment en demande de son accompagnement, malgré le "libre choix" qui lui est laissé à sa majorité. Dans les premiers temps elle s'isole chez elle; il est vraiment compliqué d'entrer en relation avec elle; le monde entier lui veut du mal, et surtout les éducs. A la suite de cette période, déscolarisée, elle fuit son isolement à longueur de journée chez des voisins en difficulté, auxquels elle apporte son soutien. Ca ne lui réussit pas beaucoup plus. Une amorce de tentative de colocation se conclut par un échec. Un soir, son mal être est plus fort que tout et elle exprime son désir urgent d'effectuer un séjour de repos en clinique. Elle revient de ce séjour plus forte, avec l'envie de reconquérir sa vie. Elle reprend l'école et travaille assidûment. Elle gère quasi seule toutes les complications dues à l'héritage (financièrement important). Sa parano n'a pas disparu mais elle surmonte tout ça avec beaucoup d'humour, parfois sombre, souvent grinçant. Son rythme de vie s'accélère, l'argent part sans compter, sans contrôle.. alors même que le début de relation éducative qui s'était créé depuis son retour de séjour de repos s'estompe doucement..

Une période de stage survient. Elle rentre de plus en plus tard le soir, car elle "doit s'occuper d'une amie qui ne va pas bien". Puis elle ne rentre plus, plusieurs jours durant, effectuant deux rapides passages pour récupérer quelques affaires. Son patron n'a pas de nouvelles d'elle. Nous n'arrivons même plus à la joindre sur son téléphone. Une synthèse est organisée pour faire le point sur la situation d'Axelle. Sa référente parvient à la joindre pour la convoquer. Le départ est proche. Pourquoi ne pas le faire dans les règles? Le jour de la rencontre, Axelle ne vient pas. Elle ne loge plus chez nous, de fait, depuis presque 15 jours. La prise en charge s'arrête aujourd'hui, ce que sa référente se charge de lui communiquer.

C'était il y a une petite semaine. Axelle n'est toujours pas repassée prendre ses affaires, qui sont déjà dans des cartons, et sont peut-être même stockés à l'U.T. Pas de nouvelles directes. D'après quelques jeunes du groupe, elle se balade souvent avec une ancienne jeune du service du même âge avec laquelle elle dépense beaucoup d'argent dans les bars. Elle projette de s'installer en colocation chez une dame un peu plus âgée, jeune maman célibataire, qui l'aurait recueillie.

3 commentaires:

Maïa a dit…

Cette image, quelle fraîcheur! ?

Ababakar a dit…

Je dois apparemment m'expliquer sur cette image, que j'interprête de manière assez personnelle je l'avoue.
Cette image qui vous parait dégager une certaine fraicheur conjugue pour moi l'idée d'une silhouette ombrageuse, dont on ne peut distinguer le contenu, qui fuit la perception visuelle, et une apparence très "lisse", un soin particulier donné aux apprêts, le tout dans une contradiction troublante qui correspond (un peu) à la manière dont j'ai pu percevoir Axelle durant son accompagnement.

Maïa a dit…

Wah!