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13 sept. 2009

Une minute de violence

Salut'

L'évènement de la semaine, c'est très certainement l'altercation un poil musclée que j'ai eue avec un quasi-majeur cet après-midi.
Pas facile de fermer l'œil après de tels épisodes..
Amis voyeurs, laissez moi vous conter l'histoire.
Le jeune Carlos (pseudo à peine connoté) fait poireauter depuis un bon moment déjà la jeune Ernestine qui lui réclame un portable prêté la veille. Ayant connaissance de la petite réputation de voleur-recéleur que le jeune Carlos se taille mois après mois -à tort ou à raison- je décide une fois n'est pas coutume de me mêler de cette affaire de Buiz-troc entre jeunes. Il est grand temps de me faire ma propre idée de l'honnêteté avérée ou non de ce jeune détrousseur en série au regard débordant de trop d'innocence.

-"Carlos, rends le portable à la demoiselle"
-"Non, mais blablabla.."
-"Rends lui son portable. c'est le sien. Elle te le réclame. Tu lui rends. Point."

10 min plus tard, les deux protagonistes n'ont pas bougé d'un poil. La situation semble gelée. Je m'adresse à Ernestine.

-"Tu n'as toujours pas récupéré ton portable?"
Négatif
-"Carlos, tu lui rends son portable tout de suite où je vais le chercher"
Carlos est de plus en plus tendu.
-"Non mais j'attends un coup de fil important, elle m'avait diit jusqu'à demain! blablabla je vais péter un plomb blablabla
-Carlos, ne m'oblige pas à aller le chercher!"
Carlos part alors dans son studio:
-"C'est ça n'essaie même pas!
-"2 min, Carlos"

2 min plus tard Carlos n'est pas réapparu. Je le rejoins chez lui. Nous sommes seuls désormais.

-"Carlos, je t'ai demandé 2 fois de lui rendre son portable. Pas demain, maintenant!
- Ouai je ne peux pas j'attends un appel important, le travail blabla
- Si tu attends un appel je te passe le tel du bureau, tu donnes ce numéro pour qu'on te rappelle
- Oui mais elle m'avait dit jusqu'à demain..
- Elle a changé d'avis. Tu lui rends. Ce n'est pas à toi. Il est où ce portable??
- Ouai je ne l'ai pas..je l'ai revendu!
- Quoi??
- Non c'est pas vrai mais j'en ai besoin, elle l'aura demain à 8h!
- Ecoute tu me dis où est ce portable, où je le cherche moi-même"

La situation s'enlise, il faut avancer.. Fouiller n'est pas une pratique que j'adore..Mais il faut tenter quelque chose pour le secouer.. Je fais d'abord mine de regarder derrière les objets, et lui de vouloir partir. Je lui dis que je ne partirai pas sans m'être assuré que ce portable ne se trouve pas chez lui, puisque lui se refuse à m'indiquer où il est. Je soulève un matelas et j'arrive finalement à la dernière planque possible, la commode où sont soigneusement pliés et repassés les vêtements de ce jeune innocent qui s'accroche tant à son apparente perfection.

Et là, c'est le drame. Carlos m'attrape et me repousse physiquement, le regard flamboyant de colère, dans un mouvement que je reçois très violemment. La réaction ne se fait pas attendre. Les deux mains à son col je le repousse avec suffisamment de force pour qu'il ressente le peu d'intérêt qu'il a de tenter de conclure notre affaire par ce moyen..
Malheureusement ces situations sont d'une nature telle qu'elles sucitent l'imprévu et l'incontrôlable. Ma main droite fermement accrochée à son encolure, repoussant le bonhomme, vient maladroitement heurter sa machoire dans un bruit sourd qui ne retranscrit pas fidèlement la faiblesse du choc.

Aïe Aïe. "Tu m'as mis une droite, tu m'as mis une droite!!"

Il semblerait que cet incident légitime un regain de violence de la part du garnement, qui croit malin de me repousser à nouveau dans son canapé en se jetant sur moi. 2ème réaction. Tout aussi "mesurée" que la première, mais sans accident cette fois-ci. Nous sommes debout face à face ; je n'ai aucune idée de ce que nous nous hurlons, chacun les mains au col de l'autre. Les miennes se relâchent les premières, très vite. Je ne ressens ni colère, ni orgueil blessé, ni aucune nécessité d'affirmer ma supériorité physique (supposée^^)

Par contre faudrait voir à ce qu'il me lâche lui aussi, bordel!

Tiens, on s'entend à nouveau. Lui m'accuse de l'avoir frappé. Je me rends compte que ce fait ne semble pas pouvoir faire l'objet d'une discussion. Je reprends donc l'offensive. "Je veux toujours savoir où est ce portable" Voix calme et ferme autant qu'elle le peut. Et je reprends la "fouille-rien-ne-m'arrête" Lui finit rapidement son sac et quitte son studio : 'Tu fermeras en partant", me lance-t-il.. Je le suis ; je sais bien que cette fouille ne servira pas en elle-même à retrouver l'objet.

Dernière tentative ; je le hèle : "Je te préviens que si ce portable ne réapparait pas, il y aura portage de plainte contre toi en plus de la note d'incident qui va suivre très prochainement."

On ne fait plus trop attention aux erreurs de langage dans ces moments là ; Gad le dit aussi dans son sketch du papa en colère, et il semble bien qu'il ait raison. Mais c'est quand même la honte.

Je redescends et le talonne jusqu'à ce qu'il prenne la route de son entrainement de sport.

Il réapparait pourtant 5 min plus tard dans le bureau et rend son portable à Ernestine.
Quoi? Comme ça? Maintenant?

20 min plus tard il est dans le bureau d'un chef de service, en larmes.

3h plus tard. Nous avons une entrevue à 2. D'après lui son geste est légitime. Tout est ma faute. Je lui ai mis une droite. Ah..Bon.. -"C'est tout?". '"C'est tout". "Bon, sache que tu as tout à fait le droit d'aller te plaindre de moi à mon chef de service où à ta référente sociale si tu penses que j'ai mal agi envers toi."

4h plus tard. Je retourne chez lui avec la note d'incident écrite, lui en fais la lecture et lui en laisse un exemplaire. Il ne bronche pas, n'a rien à ajouter. Je lui dis que je n'ai aucun problème à assumer mes actes dans la mesure où je ne crois pas avoir eu d'autre solution sur le moment que celle de le repousser physiquement. Je répugne à devoir en venir aux mains avec un jeune. Vraiment. Mais pas suffisamment pour accepter que l'on porte la main sur moi. Même si j'accepte tout à fait l'idée que parfois, il faut que ça éclate. C'est comme ça. Par contre je trouve regrettable que nous nous soyons retrouvés dans cette situation.

Blablabla. Pas de Feedback. "Bon je suis dispo demain de 8 à 9 et après 12 h si tu veux me voir pour en reparler.

Fin

Me reste un goût amer

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