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20 sept. 2009

Le détour par Magellan


Salut'

Cette semaine j'ai longuement hésité sur le choix de l'évènement de la semaine que j'allais vous narrer. J'avais envie de vous faire part d'une (en)quête qui m'a laissé tel Perceval devant le Graal : déconfit de retourner penaud à la case départ après avoir trouvé le si convoité saint récipient. (ici les non-littéraires s'enfuiront tandis que les lettrés crieront au non-sens)

Je sens que je vais avoir du mal à me centrer aujourd'hui..

Enfin voilà, j'ai relu le post précédent et je me suis dit : "Purée mais les gens qui ne me connaissent pas vont penser que je m'enorgueillis d'avoir secoué ce malheureux! Et il se prétend éducateur! Juste un cow-boy, ouai! Mais où est la posture professionnelle?"

Et j'avoue qu'ils auront raison de se poser cette question. C'est aussi celle que je me suis posée cette semaine, alors que je rencontrais (et découvrais) en équipe le nouveau psychologue embauché par ma boite, appelons le
ad vitam Magellan, rapport aux "Grandes Découvertes"..

Alors voilà. Nous sommes 6 cet après-midi à être réunis dans de confortables fauteuils et nous procédons aux présentations d'usages : 4 éduc, le chef et Magellan. Et Magellan d'affirmer que "rien de tel pour se découvrir que de commencer à travailler" et "si nous évoquions une situation?" Silence traditionnel évoquant le recueillement des gens qui n'ont rien préparé et s'interrogent sur la nécessité de réfléchir quand on n'est qu' éduc..
Pour ma part j'hésite entre deux situations, sans être persuadé de l'utilité de les exposer d'aileurs. 3 mois que nous travaillons sans psy et nous nous en sortons aussi bien! Comment ça j'ai failli encastrer un jeune dans un mur la semaine passée.. Rien à voir!


Finalement une collègue embarassée, pour ne pas dire machiavélique, me refile le bébé.. "Aba, tu devrais parler de ce qui t'es arrivé la semaine dernière!" re-Grr (cf pénultième post , et "oui, il s'agit de la même personne)

Enfin bon, pas moyen de se défiler, l'humour ne me mènera nulle part et nous sommes au 1er étage, c'est trop haut pour tenter une évasion spectaculaire.

Je raconte donc mon aventure, que je ma targue depuis une semaine d'assumer complètement. Il est vrai que je suis convaincu d'être un éducateur sans faille, qui a simplement souhaité rétablir la justice au risque de son intégrité physique là où d'autres se seraient contentés de fermer les yeux genre "moi les affaires entre jeunes ça ne me regarde pas".
Et à la manière dont je raconte cet évènement à ce quasi inconnu dont la qualité laisse statutairement penser qu'il entendra la moindre faille, je m'aperçois que je ne suis pas si à l'aise que ça avec cette histoire.

Mes motivations pour intervenir ce jour-là : rétablir la justice? Non, cessons de mentir ; la justice, ça n'existe pas, nulle part et pour personne, et c'est pas mon boulot, sinon j'aurais fait du droit..(?)


Je crois que Magellan est déjà en train de m'aider à découvrir (sans le savoir) que ce qui m'a poussé à intervenir, c'est la volonté d'aller gratter le vernis des apparences, voir de l'exploser, et c'est étrange, c'est ce qui arriva : une explosion.

A force de bosser à l'instinct, je n'ai pas pris le recul nécessaire pour me demander, une seconde, si mon intervention était professionnellement justifiée.


Je me souviens de ce qui passé en moi quand je me suis adressé à Carlos la première fois, pour lui demander de rendre ce fichu portable. Une fichue idée instinctive de l'ordre de : "Ca fait une année que nous ne parvenons pas à avancer éducativement parlant avec Carlos. Pourquoi? A cause d'un relationnel fondé sur les apparences, sur l'image que Carlos nous sert à chaque fois que nous sommes en relation, et dont nous nous satisfaisons par facilité.." Puis de l'ordre de "Ce soir c'est fini, je ne m'en contente plus, je fais exploser ça".

C'est tout ça qui m'est passé par la tête la seconde où j'ai décidé d'aller fouiller dans "le linge sale" de Carlos, comme dirait Magellan..
Le problème étant :


1. que cette attitude de ma part était potentiellement dangereuse pour la santé mentale de Carlos, pour lequel les apparences, l'image qu'il renvoie de lui-même sont peut-être l'essence de sa construction identitaire, ce qui le soutient psychologiquement et lui évite de s'effondrer.. et oui, rien que ça!

2. que tant qu'à avoir pris ce risque en allant voir ce qui se cachait sous le vernis, je n'aurai pas du retourner vite me cacher moi aussi sous les apparences : celle de l'éduc justicier qui est parvenu à "rendre le portable"..


Ababakar

5 commentaires:

Anonyme a dit…

Bonjour,

J'ai trouvé tes deux articles très intéressants,

ça fait plaisir de tomber sur des réflexions telles que la tienne,

et sur un blog aussi intéressant !

Bonne continuation à toi, merci pour la lecture,

Hélène, éduc

Ababakar a dit…

Salut Hélène,
Merci du compliment. Si tu découvres le Blog prends plaisir à fouiller. Je te conseille le libellé "les départs" mais il y a plein d'autres posts sympas, rédigés par Maïa et moi-même. Va voir aussi dans les liens, notamment le blog de bluffdedbuffle.
++

Miss a dit…

Je trouve très courageux, même quelques temps après l'altercation avec Carlos (et surtout d'ailleurs), d'oser finalement te demander si ton incursion chez lui était justifiée professionnellement parlant (ouhla que d'adverbes ça me rappelle qqn).

Et c'est là je crois aussi que tu n'as pas de crainte à avoir : tu te remets suffisamment en question et ce, très régulièrement, pour savoir si tu as eu raison ou mieux encore si tu n'as pas franchi une étape avec ce jeune. Après bien sûr, à toi de nous dire quelle étape ...

Anonyme a dit…

bonjour Ababakar,
je viens de découvrir ton blog, et j'ai beaucoup aimé ton résumé de la loi 2002. enfin un texte que je comprends (compliqué les lois !)
tes temoignages m'ont fait beaucoup rire... nous avons tous vécu des situations telles que celles-là, et la façon dont tu les racontes, génial !
je suis en VAE amp pour l'instant, ce n'est qu'un début. je vise une formation éduc spé, à suivre ...
bonne continuation, et merci pour ce blog
crepparty

Ababakar a dit…

merci crepparty..
mince si j'avais eu plus régulièrement de tels compliments je posterais peut-être encore à ce jour.
Non mais décidément l'écriture c'est vraiment quelque chose de très difficile. Il faut avoir le temps, et surtout la disposition d'esprit. C'est dur. Et en plus être régulier.
Écrire et vivre en même temps : encore plus dur.

Je passe le relais à qui veut.