Abonnez-vous au Flux RSS de l' "Autre Monde des Educateurs Spécialisés" en cliquant sur le bouton correspondant de votre navigateur.. Si si! Cherchez bien, il ressemble à ça, et il est juste à côté:

14 mai 2009

Evolution, dérive, crise?

Il y a encore quelques années, les situations financières critiques étaient rares auprès des jeunes femmes que nous accueillions.




Je me souviens de K. qui avait une dette SNCF de 800 euros. Enooorme! Elle était partie "dans le Sud" (parce que l'herbe y est plus verte?) sur un coup de tête, sans billet de train. Puis elle est revenue, elle n'avait pas l'argent pour payer l'amende et sa dette avait été transférée au Trésor Public.





Ensuite, C., deuxième cas isolé, un ou deux ans plus tard. Elle avait demandé une carte de crédit et quand elle l'a eue, elle a acheté tant qu'elle a pu pendant deux jours. Yihou! fringues, coiffeur, chaussures et resto, la grande vie, quoi! Elle savait bien qu'elle n'avait pas l'argent sur son compte, mais ça continuait à fonctionner! Je ne me souviens plus du montant du découvert bancaire, quelques centaines d'euros, voire un petit millier?



Puis, ces situations sont devenues un peu plus fréquentes avec les dépassements de forfaits de téléphonie mobile, et la valse de courriers de pression et de menaces d'huissiers appréciée de ces chers opérateurs..

Et aujourd'hui, nous gérons toute une flopée de situations de ce genre. Les plus courantes sont les dettes de transport en commun. Chez les jeunes femmes, nous entendions beaucoup dire il y a quelques temps: "surtout ne paie pas, une fois que t'es fichée, ils te retrouvent et ils te prennent tout, faut jamais faire ça". Aujourd'hui, elles se sont rendu compte que payer tous les mois, 35 euros (c'est le minimum accepté pour un échéancier T.P.), même pendant 2-3 ans, ben.. ça fait mal!


----------
Mais ce qui m'inquiète, ce n'est pas tant la multiplication des dettes, c'est surtout leur banalisation.

Il y a encore cinq ans, autant dire hier, nous aidions les jeunes femmes à économiser la somme de leur unique amende Trspl de 22 euros sur une ou deux semaines afin de pouvoir régler au plus vite. Au pire, nous les laissions se rendre seules au service contentieux pour tenter de négocier une baisse. Elles devaient alors s'expliquer elles-mêmes. Nous estimions que si elles n'avaient pas acheté leur titre de transport alors que la somme suffisante leur était distribuée chaque semaine, elles étaient capables d'en assumer les conséquences.

Il y a quelques semaines, autant dire aujourd'hui, nous en sommes à rédiger au mieux une demande argumentée d'échéancier au Trésor Public pour que le paiement s'échelonne le plus possible, tout en demandant parallèlement à la société de transport de ne pas transférer trop vite la dette au service de recouvrement.

Non pas que nous nous sommes habitués, mais ces situations récurrentes plongent parfois les filles dans un tel marasme, que nous pensons qu'il est utile de les accompagner dans ces démarches, tout en poursuivant le discours "quand on pose des actes, on les assume ensuite".

Pour d'autres, ça leur passe vraiment au-dessus de la tête, mais alors très très loin au-dessus, et si nous ne les interpellons pas sur le sujet, elles repartiront avec leurs enveloppes de relances non ouvertes, estampillées Trésor Public - République Française; pour celles qui ne les jettent pas dès leur réception.. pour ne surtout pas voir.

Aucun commentaire: