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12 mai 2008

Pourquoi les "Départs"? N°5: Donald

Salut.



Je m'aperçois que j'hésite à écrire cette rubrique "Départs" car je ne sais pas sur quel mode le faire.

Je louvoie sans cesse entre le style "méthodologique", "télégraphique" et "jargonneux" des écrits professionnels, à base de formules toutes prêtes à l'emploi, toutes belles, justes et efficaces et l'envie d'écrire au fil de la pensée, sans construction, sans distinction des faits et des ressentis, sans clarté et exposé global de la situation, sans tentative de rendre compte d'un accompagnement.

En fait cette rubrique, c'est d'abord l'endroit où je veux tenir les comptes. "Tiens, lui il est parti dans telles conditions: alors finalement quel sentiment j'en ai: échec ou réussite? Et lui, il avait l'air satisfait ou non?
Je veux pouvoir me retourner dans un an et m'arrêter 5 min pour relire ces situations.
Je veux me souvenir de ce que j'ai fait, de ce que je n'ai pas fait et de ce que j'aurais pu faire.
Je veux rester en mouvement, et faire mon possible pour améliorer ma pratique.
Je veux aussi simplement pouvoir écrire, ici, que je suis passablement en colère quand une situation d'accompagnement prend fin de manière unilatérale, quand je pense que nous n'avons vraiment pas fait notre travail.

Je veux aussi pouvoir écrire que je suis passablement fier de voir des jeunes qui passent par le service et qui s'en sortent; Donald a quitté le service la semaine dernière. Je passe sur l'histoire et le parcours. Il a un job, une chambre en ville, (une?) copine, des amis. Il est prêt à gérer tout ça tout seul, plus les démarches administratives, plus les relations familiales etc.. Ah bien sûr rien ne dit que le parcours ne sera pas semé d'embûches, mais..

Je veux aussi écrire ici que j'ai de l'espoir, beaucoup d'espoir; une grande partie des jeunes avec lesquels je travaille en ce moment sont sur la bonne voie pour prendre leur envol dans de bonnes conditions, c'est à dire dans des circonstances qui leur permettent de mener la vie qu'ils veulent, quelle qu'elle soit.


Je prends le relais, cher collègue.
Ton message me renvoie à l'actualité directe de mon boulot, et je comprends tellement bien ta dernière phrase: "mener la vie qu'ils veulent, quelle qu'elle soit".
Alors.. ce post, tu aurais presque pu l'intituler "évaluation de mon travail", non?
Tu parles de ce que tu as fait et de ce que tu aurais pu faire, tu parles de fierté, tu parles d'améliorer une pratique, tu parles de sentiment d'échec et de réussite...
C'est ici qu'est toute la question de l'évaluation de notre travail, sujet au goût du jour s'il en est.


Quelques questions me viennent:

- Comment construire des outils d'évaluation qui prendraient en compte la satisfaction des jeunes personnes accompagnées? Et serait-ce entendable par les financeurs?
- Quel est l'impact éducatif produit chez l'autre? Comment penser pouvoir le "mesurer"?
- De bonnes conditions matérielles de départ sont-elles des gages sur l'avenir?
- Le sentiment d'échec ou de réussite de l'éducateur est-il révélateur de la qualité du travail éducatif fourni?

C'est ce genre de questions que nous nous posons en équipe. Et nous essayons d'insister auprès de nos cadres sur l'importance de ces réunions, afin d'éviter de nous retrouver prochainement à cocher des cases dans des grilles d'évaluation, remplies d'items étiquetants. Tiens.. éthique, étiquette, je n'avais jamais remarqué cette similitude phonétique.. (normal.. rien à voir..)

Il n'y a rien qui m'énerve plus que d'entendre [BIP] dire : "quand elle est arrivée, elle n'avait rien, aujourd'hui, elle repart avec un diplôme et c'est un peu grâce à nous, hein?". Et alors? Je ne pense pas qu'un accompagnement réussi se calcule en niveau d'étude ou en surface de logement ou en nombre de CDD sur l'année. Beaucoup de nos hébergées font des études supérieures, mais qu'est-ce qu'elles sont abîmées! Mon idéal professionnel serait que les JF partent en harmonie avec elles-mêmes. Ben oui, ça fait très gnan gnan, dit comme ça, mais vous comprenez le sens.. Et puis c'est très utopiste tout ça, ça voudrait dire qu'on fait des miracles, au moins un peu.. parce que la durée du séjour excède rarement une année.

Ce que je voudrais entendre de [re-BIP], c'est que nous allons demander aux jeunes femmes ce qu'elles pensent de notre travail et ce que nous pourrions faire pour un meilleur service rendu. Rien qu'à titre indicatif, ce serait très riche, alors si nous nous mettions à analyser ensemble tout ça, ce serait... les mots m'en manquent!
Allez.. au travail..

A bientôt.

Maïa.


2 commentaires:

Anonyme a dit…

hummmmmm oui cette conception du travail d'évaluation de nos pratiques me plait. Ils nous bassinent tous avec la fameuse "parôle de l'usager", sa place, son livret d'accueil, sa charte, sa réunion etc .... mais est on capable , a t-on envie (zic) d'entendre cette parôle ??? et jusqu'où ??
Ce serait surement très riche pour nous d'entendre un retour sur nos pratiques, de la bouche même de la personne la + concernée par ces dites pratiques.
à plus
nanine

Ababakar a dit…

Salut!
Il me semble que nous alons revenir sur ce sujet rapidement, dans un prochain Post..tu peux déjà lire les commentaires du Post daté du 15 Juin.
A plus